Nom de naissance | Élisabeth Bleustein-Blanchet |
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Naissance |
Boulogne-Billancourt (France) |
Activité principale | |
Distinctions |
Prix Albéric-Rocheron (1979) |
Langue d’écriture | Français |
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Œuvres principales
Compléments
Épouse de Robert Badinter (depuis 1966)
Actionnaire de Publicis Groupe
Élisabeth Badinter, née Bleustein-Blanchet, le à Boulogne-Billancourt, est une femme de lettres, philosophe, féministe et femme d'affaires française.
Elle est surtout connue pour ses réflexions philosophiques et sociologiques qui interrogent le féminisme et la place des femmes dans la société, en accordant une place particulière aux droits des femmes immigrées.
Élisabeth Badinter est la fille du publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet, fils d'immigré juif russe qui fonda, en 1926, une société publicitaire, Publicis, qui finit par devenir le 3e groupe mondial du secteur (Blanchet est son pseudonyme de la Résistance qu'il a, comme un certain nombre de Résistants, accolé après-guerre à son nom de famille)[1].
Sa mère, Sophie Vaillant, est la petite-fille du député socialiste et communard Édouard Vaillant[1] ; catholique et issue de la bourgeoisie, elle s'était convertie au judaïsme pour faciliter le mariage[1].
Élisabeth Badinter a deux sœurs : son aînée Marie-Françoise (1940-1968), qui épousera le poète Michel Rachline, et sa cadette Michèle (1946-2013)[2].
D'abord élève à l'École alsacienne Élisabeth Badinter étudie ensuite la philosophie à la Sorbonne, où elle a Catherine Clément comme professeure[3]. Elle obtient une agrégation de philosophie[4] (au bout de la quatrième tentative) et se spécialise dans le siècle des Lumières[4],[5] et l'écriture de biographies littéraires.
Après avoir occupé un poste de professeure au lycée Guillaume-Budé de Limeil-Brévannes[2], elle devient conférencière à l'École polytechnique[5].
Après la mort de son père en 1996, Élisabeth Badinter devient présidente du conseil de surveillance de Publicis, fondé par son père, Marcel Bleustein-Blanchet. Elle cède la présidence à Maurice Levy en mai 2017[6].
En 2016, elle en est aussi, avec sa famille, la première actionnaire[7]. Ce rôle lui vaut des critiques concernant les « représentations sexistes de la femme » dans le domaine publicitaire[8],[9],[10]. Le fait que Publicis soit chargé de la communication de l'Arabie saoudite lui vaut également des accusations d'« hypocrisie » et de « troublant mélange des genres »[11],[12]. Bruno Guigue fustige quant à lui « l'incroyable hypocrisie de cette milliardaire féministe reconvertie dans le cirage de pompes saoudiennes »[13]. À ces critiques, elle répond : « comme présidente du conseil, je n'ai pas le droit d'intervenir sur le contenu du groupe. Si c'est indigne, je le dis »[1]. Le journaliste Laurent Mauduit estime quant à lui qu'en tant qu'« actionnaire de référence », elle « peut faire au sein du groupe la pluie et le beau temps » et qu'« elle mène campagne contre l’islamisme politique mais arrondit son immense fortune avec le pays qui en est le berceau »[14].
Du fait de sa proximité avec le Parti socialiste, elle se trouve au cœur de la polémique concernant le bonus de 16 millions d'euros touché par le patron de Publicis, Maurice Lévy, lors de la campagne présidentielle de 2012[15]. Élisabeth Badinter justifie ce bonus en affirmant à propos de Maurice Lévy : « Aucune entreprise n'a jamais eu un meilleur capitaine. Il est rassurant pour nous tous qu'il soit à la barre. Son expérience est indispensable et nous avons la certitude qu'il saura nous mener à bon port »[16].
En 2011, le magazine Challenges estime sa fortune à 652 millions d'euros, soit la 56e fortune de France[17], puis la 51e. En mars 2012, elle est classée par le magazine américain Forbes 13e personne la plus riche de France, avec une fortune familiale[18] estimée à 1,1 milliard de dollars[19]. En 2016, Forbes estime sa fortune à 1,58 milliard de dollars[20] ; elle n'est plus que 1304e fortune mondiale et 31e fortune française. En 2020, les 7,24 % des actions de Publicis la positionnent 162e fortune française avec 525 millions d'euros d'après Challenges[6].
Élisabeth Badinter est la tante de la productrice Sophie Dulac (née Rachline en 1957).
Elle épouse en 1966 Robert Badinter, de seize ans son aîné, alors avocat de son père et avec qui elle a trois enfants[21],[2].
Elle publie son premier livre, L'Amour en plus, en 1980, dans lequel elle met en cause l'idée que l'amour maternel est quelque chose d'exclusivement naturel : pour elle, il est également l'effet d'un contexte culturel qui participe à la production de celui-ci[1]. Bien que rétive à l'engagement collectif dans des groupes féministes, se tenant par exemple à l'écart, dans les années 1960 et 1970, du mouvement de libération des femmes (MLF), elle se fait ainsi un nom dans le milieu militant. Après la parution de L'Amour en plus, au début des années 1980, elle anime à l'École polytechnique, à Palaiseau, un séminaire en Humanités et Sciences sociales, autour de la virilité et de sa redéfinition dans le contexte de relative transition des idées féministes de ces années-là. Ces travaux participeront au projet du livre XY, De l’identité masculine, synthèse dans laquelle elle étudie les notions de féminité, de virilité, ainsi que leurs constructions sociale et historique.
Dès l'affaire de Creil sur les collégiennes voilées, elle prend position contre le voile et sera de toutes les polémiques sur le voile en France[1].
En 2013, dans l'affaire de la crèche Baby Loup, elle estime nécessaire de défendre la laïcité, et incite le gouvernement à voter « une loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans le secteur de la petite enfance, comme c’est le cas à l’école ». Selon elle, le port du voile est un « étendard politique et communautaire »[22]. Ses prises de position dans cette affaire sont perçues par l'association Les Indivisibles comme faisant l'amalgame entre une employée voilée et le terroriste Mohammed Merah. Cela lui vaut une nomination à la cérémonie satirique des Y'a bon Awards[23].
Élisabeth Badinter s'est attachée à théoriser la notion de « ressemblance » des sexes. Selon elle, c'est « une telle innovation qu'on peut légitimement l'envisager en termes de mutation[24]. » Lors de la parution de Qu'est-ce qu'une femme ?, Le Monde () résumait ainsi sa position : « Élisabeth Badinter pense que l'humanisme rationaliste, l'accent mis sur la ressemblance entre les hommes et les femmes, sont historiquement porteurs du progrès de la condition féminine, alors que toutes les pensées de la différence sont potentiellement porteuses de discrimination et d'inégalité. » Toutefois, ce rejet du différentialisme s'accompagne, dans le même temps, d'une prise de distance avec le « constructivisme à tous crins, qui aboutirait à une déconstruction des genres et des sexes », selon Catherine Rodgers[25]. Dans une lecture critique de XY, De l’identité masculine, Guy Bouchard souligne des contradictions dans le discours de Badinter sur le débat entre constructivistes et différentialistes, dans la quête d'un homme androgyne[26]. Il dénonce la vision, selon lui à la limite de la misandrie, et insuffisamment développée, d'un « homme mou [...] favorable à l'égalité de l'homme et de la femme », mais à qui il faut imposer cette égalité alors même qu'elle l'atteindrait dans la construction de sa masculinité[27].
Lors du débat, sous le gouvernement Jospin, sur la parité en politique, elle s'était opposée à la loi du 6 juin 2000 sur l'égal accès des femmes aux mandats électoraux qui, selon elle, considérait que les femmes étaient incapables d'arriver au pouvoir par elles-mêmes.
Son essai Fausse route, publié en 2003 et qui fustige la misandrie et la « posture victimaire » des féministes françaises contemporaines[28], ainsi que divers écrits critiques quant aux nouvelles lois concernant la parité politique ou le traitement des crimes et délits sexuels, ont suscité une vive polémique, et de nombreuses féministes lui contestent désormais l'épithète de « féministe »[source insuffisante]. De son côté, elle continue de s'en réclamer, arguant que la vocation du féminisme n'est pas de conduire à une guerre des sexes visant à une revanche contre les hommes. Dans cet ouvrage, elle dénonce aussi les enquêtes statistiques sur la violence conjugale où on n'interroge que les femmes et où on amalgame le subjectif et l'objectif, les pressions psychologiques et les agressions physiques, ce qui a selon elle pour effet d'établir une hiérarchie morale entre les sexes : « À vouloir ignorer systématiquement la violence et le pouvoir des femmes, à les proclamer constamment opprimées, donc innocentes, on trace en creux le portrait d'une humanité coupée en deux peu conforme à la vérité. D'un côté, les victimes de l'oppression masculine, de l'autre, les bourreaux tout-puissants[29] ».
Selon Élisabeth Badinter, le combat féministe doit aujourd'hui se concentrer essentiellement sur les populations immigrées ou maghrébines, car selon elle, « depuis longtemps, dans la société française de souche, que ce soit le judaïsme ou le catholicisme, on ne peut pas dire qu’il y ait une oppression des femmes »[30]. Ce positionnement a été critiqué par Thomas Lancelot, co-fondateur avec Clémentine Autain de Mix-Cité[31], ou par la militante féministe Christine Delphy pour qui ce discours conduit à la fois à légitimer le racisme et à négliger le sexisme existant dans la population non immigrée[32].
En 2013, elle signe la pétition du CRIF contre une résolution du Conseil de l'Europe assimilant la circoncision des mineurs à une atteinte à l'intégrité physique[33].
En 2016, elle appelle à boycotter les marques occidentales développant des habits islamiques. Elle apporte également son soutien à Nadia Remadna, la militante associative française, fondatrice de La brigade des mères et essayiste du livre Comment j'ai sauvé mes enfants et considère « Nadia Remadna, au même titre qu'un nombre croissant d'intellectuels arabo-musulmans qui prennent la parole avec courage, [...] les représentants actuels des Lumières. »[34]
Elle est favorable au mariage homosexuel, à la PMA et à une GPA « éthique ». Elle est également opposée à l'abolition de la prostitution[35].
Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Elle a également été nommée membre du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France en qualité de personnalité qualifiée, en 1998[36] et 2002[37].
Une école d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine)[40] et le collège de Quint-Fonsegrives (Haute-Garonne) portent son nom[41].
Le collège de La Couronne (Charente) porte son nom ainsi que celui de son mari[42], tout comme des écoles situées à Laval (Mayenne)[43] et à Tomblaine[44].
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