L’élection est marquée par la pandémie de Covid-19, qui provoque des conséquences néfastes sur l’économie du pays et conduit à un nombre limité de rassemblements politiques ainsi qu’à l’hospitalisation de Donald Trump, touché par le virus à un mois du scrutin. Dans ces conditions, le nombre de votes par voie postale explose, ce qui conduit le président sortant à dénoncer un risque massif de fraudes sans prouver ses affirmations.
Le , les principaux médias américains annoncent la victoire de Joe Biden, qui après dépouillement remporte 306 grands électeurs contre 232 pour Trump, et devrait donc devenir président élu des États-Unis. Donald Trump perd le scrutin dans trois États traditionnellement démocrates qu'il avait réussi à remporter en 2016 : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. Trump refuse de concéder sa défaite, dénonce sans preuve une fraude massive, jette auprès de ses électeurs le doute sur l'intégrité de cette élection, et lance des recours juridiques dans tous les États où le résultat a été serré en faveur de son adversaire. Les recours juridiques sont en cours jusqu'à, au plus tard, l'élection officielle par les grands électeurs prévue pour le .
Le taux de participation de 66,9 % est le plus élevé depuis 1900, correspondant au plus grand nombre de votants de l'histoire des États-Unis (environ 160 millions). Joe Biden et Donald Trump sont les deux candidats ayant obtenu le plus de suffrages de l'histoire des élections présidentielles américaines avec respectivement plus de 79 millions et plus de 73 millions de voix.
Au cours de son mandat, Donald Trump s'emploie à appliquer son programme. S'il échoue à abroger la Loi sur la Protection des Patients et les Soins Abordables (surnommée « Obamacare ») mise en place par Barack Obama, notamment à cause du vote négatif du Sénateur républicain John McCain[2], il parvient à faire adopter une loi sur les réductions d'impôt et l'emploi[3]. Il adopte ensuite un décret anti-immigration, validé par la Cour suprême, interdisant l'entrée sur le sol américain de tous les ressortissants de six pays en majorité musulmans[4]. Sur la scène internationale, Donald Trump exprime sa volonté de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat[5] signé par 196 pays à l’occasion de la COP 21, en 2015. D'autre part, il parvient à organiser une rencontre avec le chef Nord-Coréen, Kim Jong-un, en , afin de signer un accord visant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne[6]. Concernant le Moyen-Orient, il se retire de l'accord nucléaire iranien signé en 2015, suscitant des tensions internationales, notamment entre l'Europe et les États-Unis[7]. Il transfère également l'ambassade américaine en Israël à Jérusalem, entraînant la colère de nombreux pays arabes[8]. Fin 2018, il ordonne le retrait des troupes américaines d'Afghanistan et de Syrie[9], déclarant que l'objectif de destruction de l'État islamique sera accompli par la Turquie[10]. Le président américain a été vivement contesté, parfois au sein de son propre camp, tant pour ses décisions que pour ses propos souvent polémiques, alimentant des controverses presque quotidiennement. Par ailleurs, l'affaire du Russiagate contribue à faire peser sur ses épaules des soupçons de collusions entre son administration et son entourage avec la Russie.
Le , le Comité national républicain exprime son soutien inconditionnel (« undivided support ») pour Donald Trump[12]. Ce dernier annonce rapidement son intention de se représenter en 2020 pour obtenir un second mandat[13] et lance officiellement sa campagne présidentielle le depuis Orlando, en Floride, aux côtés de Mike Pence et de Melania Trump. Pour succéder à son slogan de campagne de 2016 « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »), utilisé pour la première fois en 1980 par l'ancien président Ronald Reagan, il choisit en résonance : « Keep America Great »[14] (« Préservons la grandeur de l'Amérique »). Le , il confirme qu'il choisit Mike Pence pour accomplir un second mandat comme vice-président[15].
Donald Trump semble figurer parmi les présidents américains les plus impopulaires[16]. Néanmoins, beaucoup d'observateurs prédisent qu'il pourrait à nouveau créer la surprise et être réélu, et ce en raison du manque de candidats démocrates capables de le vaincre[17] et du soutien de ses militants[18]. Certains pensent aussi que les midterms, élections de mi-mandat de , ont démontré qu'il restait solidement populaire parmi l'électorat républicain traditionnel[19] et que la situation de cohabitation politique pourrait tourner à son avantage[20].
Le , la controverse concernant Donald Trump et l'Ukraine conduit Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, initialement réticente à cette idée à l’approche de l’élection présidentielle, à accepter le déclenchement de la procédure de destitution. Le , la Chambre des représentants décide de formaliser l'enquête et le caractère public des auditions. Le , il est acquitté par le Sénat[21].
Donald Trump obtient suffisamment de délégués pour obtenir l'investiture de son parti le , après la primaire de Floride[22]. Le , Joe Biden devint le seul candidat démocrate en lice pour affronter Trump, alors que du fait de la pandémie de Covid-19, les élections primaires sont reportées[23].
À partir de , la pandémie de Covid-19 touche sévèrement les États-Unis, dont le confinement sans précédent dégrade les résultats économiques ce qui bouleverse les données[24],[25]. À la fin juillet, Donald Trump évoque la possibilité d'un report des élections au vu de la situation sanitaire due au coronavirus[26]. Dans ce contexte, le vote par correspondance s'avère important ; or, Donald Trump ne cesse d'accuser cette façon de voter qui selon lui va entraîner des fraudes massives, sans apporter de preuves de ses allégations[27], mettant de fait en doute tout le processus électoral américain[28]. Il appelle notamment ses supporters à voter deux fois par correspondance pour tester la fiabilité du système[29].
L'élection présidentielle américaine est une élection au suffrage universel indirect. Les citoyens électeurs américains élisent 538 grands électeurs qui vont à leur tour voter pour un candidat précis. Ces grands électeurs sont répartis à travers les différents États des États-Unis selon une clé de recensement en partie démographique (le nombre de grands électeurs d'un État est égal au nombre de représentants et sénateurs — deux par État — de cet État). Dans chaque État, la majorité simple suffit pour remporter la totalité des grands électeurs, à l'exception du Maine et du Nebraska, où chaque grand électeur est désigné dans le cadre d'un district congressionnel. Pour l'emporter, un candidat doit remporter la majorité des 538 grands électeurs, donc au moins 270. Chaque État reçoit autant de grands électeurs qu'il possède de représentants et de sénateurs au Congrès, soit respectivement 435 représentants et 100 sénateurs, auxquels s'ajoutent trois représentants du district de Columbia, donnant un total de 538.
Le nombre total d'inscrits sur les registres électoraux pour les élections en 2020 est d'environ 248 500 000 électeurs. L'élection présidentielle de 2020 a lieu, comme celles qui ont eu lieu en 2012 et en 2016, sur la base d'une répartition fondée sur le recensement de 2010.
Les conditions d'éligibilité au poste de président des États-Unis sont définies par le cinquième alinéa de la section de l'article II de la Constitution. Ne peuvent se présenter que les citoyens américains de naissance âgés d'au moins 35 ans. Il faut en outre qu'ils aient résidé pendant au moins quatorze ans aux États-Unis. Les conditions de candidature du vice-président sont identiques, mais celui-ci ne peut être un résident du même État que celui du président[30].
Le mandat est de quatre ans, renouvelable une seule fois de manière consécutive ou non. À l'origine, il n'était pas prévu de limite au renouvellement du mandat du président. C'est le XXIIe amendement de la Constitution des États-Unis, adopté par le Congrès en 1947 et ratifié en 1951, qui instaure de manière officielle une limitation à deux mandats, à la suite de la quatrième élection de Franklin Delano Roosevelt en 1944, dont la première élection avait eu lieu en novembre 1932.
Deval Patrick, ancien gouverneur du Massachusetts, se retire le . Cet abandon fait suite aux résultats de la primaire du New-Hampshire[60],[61].
Tom Steyer, milliardaire philanthrope, se retire le après l'annonce des résultats de la primaire de Caroline du Sud[62].
Pete Buttigieg, ancien maire de South Bend (Indiana), se retire le . Cet abandon fait suite aux résultats de la primaire de Caroline du Sud. Il annonce son soutien à Joe Biden[63].
Michael Bloomberg, maire de New York entre 2002 et 2013, se retire le . Cet abandon fait suite aux résultats du Super Tuesday. Il annonce son soutien à Joe Biden[65].
Le , Howie Hawkins est désigné comme le candidat du Parti vert des États-Unis. Dans son effort de rassembler les petits partis de gauche américains, il a également obtenu le soutien du Parti socialiste des États-Unis[71], puis, en novembre, celui du parti Solidarité(en) (Solidarity)[72],[73]. Son programme comprend le Green New Deal ("Nouvelle Donne" verte), le Medicare for All (couverture maladie pour tous), la garantie d'emploi au niveau fédéral, un salaire minimum de 20 $ et un revenu minimum[74], financé en partie par des réductions des dépenses militaires.
Le , le rappeurKanye West annonce sur Twitter qu'il se présentera à l’élection présidentielle en tant que candidat indépendant[75]. Il organise une réunion de campagne réservée à des invités le suivant pour lancer sa campagne, où il fond en larmes. Certains médias qualifient cette réunion de confuse[76].
Le se déroule le premier débat public entre Joe Biden et Donald Trump. Le Monde parle d'un « débat confus et virulent »[77]. Le Figaro déclare que « les échanges entre les deux adversaires évoquaient plus une rixe dans un bar qu'un débat ou un échange courtois »[78].
Le , Donald Trump déclare être touché par la Covid-19, tout comme son épouse[79]. Souffrant de « fièvre et de fatigue », il est admis à l’hôpital militaire Walter Reed[80]. Le , Donald Trump sort de l'hôpital et promet de reprendre sa campagne[81].
Avant même le , plus de 100 millions d'Américains votent de manière anticipée, que ce soit par voie postale ou en personne[82]. Au Texas, notamment, ces bulletins de vote dépassent dès le le total de ceux utilisés lors de la présidentielle de 2016 dans l’État[83].
Dépouillement
Les votes prennent plusieurs jours à être comptés dans certains états, en raison notamment des bulletins de vote par correspondance qui sont dépouillés à part de ceux effectués « en personne ». Les résultats prennent ainsi plusieurs jours à être rendus publics dans certains États comme le Nevada ou la Pennsylvanie[84].
Le procureur général des États-UnisWilliam P. Barr annonce le autoriser l'ouverture d'enquêtes sur l'élection, précisant que « si les allégations sérieuses doivent être traitées avec beaucoup de soin, les réclamations spéculatives, fantaisistes ou farfelues ne doivent pas servir de base à l'ouverture d’enquêtes fédérales »[88].
Le 12 novembre, l'Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures, organisme dépendant du département de la Sécurité intérieure affirme[89] qu'il n'y a aucune preuve qu'une fraude ou qu'une défaillance informatique ait influencé le scrutin[90].
Résultats
Résultats partiels de l'élection présidentielle américaine de 2020[91],[92]
La participation est estimée le à environ 160 millions de suffrages, soit 66,9 % des 239 millions de personnes disposant du droit de vote. Elle est en forte hausse depuis les élections de 2016 où elle avait été de 58 %. Le dernier taux de participation aussi élevé remonte à 1900 avec 73,7 %[93].
↑(en) Alexander Burns, « Mark Sanford Will Challenge Trump in Republican Primary », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 21 mars 2020).
↑(en) Jennifer Medina et Matt Stevens, « Julián Castro Ends Presidential Campaign », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 2 janvier 2020).
↑(en) Julie Turkewitz et Maggie Astor, « Michael Bennet Is Dropping Out of the 2020 Presidential Race », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 12 février 2020).
↑(en) Reid J. Epstein et Trip Gabriel, « Pete Buttigieg Drops Out of Democratic Presidential Race », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 2 mars 2020).
↑(en) Nick Corasaniti et Alexander Burns, « Amy Klobuchar Drops Out of Presidential Race and Plans to Endorse Biden », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 2 mars 2020).
↑(en) Astead W. Herndon et Shane Goldmacher, « Elizabeth Warren, Once a Front-Runner, Will Drop Out of Presidential Race », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le 5 mars 2020).
↑(en) Robert Harding, « Syracuse's Howie Hawkins, a lifelong activist, is Green Party's nominee for president », auburnpub.com/The Citizen, (lire en ligne).